dimanche 24 mars 2024

La louisiane

 

Curieux parcours pour ce roman, d’abord écrit en anglais alors que son auteur était sur le sol américain, détentrice d’une bourse d’écriture. Il a ensuite été retravaillé et un peu allégé pour aboutir à la version que l’on connait. D’un point de vue stylistique cela se ressent, à un point tel que j’ai eu tout au long du livre une impression de flottement entre deux systèmes, comme si son auteur se cherchait justement un style. Que le roman soit déjà l’objet d’une adaptation en série n’a, d’autre part, n’a rien d’étonnant, car justement son écriture est cinématographique, et parfois quelque peu artificielle.

Julia Malye s’est intéressée à un épisode du peuplement de la Louisiane du temps où elle était française. Nous sommes en 1720, à Paris la Salpêtrière fait à la fois office d’hôpital, prison, orphelinat, pensionnat de petites filles. Les colons de Louisiane ont besoin de femmes, et d’enfants…Il faut de la chair fraîche pour contenter ces messieurs. La supérieure de la Salpêtrière doit choisir celles qui partiront, et feront la traversée à bord de La baleine. Parmi d’autre, Julia Malye s’est concentrée sur Charlotte, orpheline de douze ans, Pétronille dont la famille n’a plus le sou pour l’éduquer et trop différente pour eux, et Geneviève la faiseuse d’anges.

Le voyage ne sera pas de tout repos, tout comme la vie de ses femmes dont on suivra à tour de rôle et chronologiquement le destin. Leurs chemins ne feront que se croiser, et séparer. Chacune devant faire face aux imprévus de la vie conjugale, aux deuils, aux intempéries, maladies, et conflits entre les colons et les tribus indiennes présentes.

Ce roman est indéniablement romanesque. Malgré quelques longueurs facilement surmontables, et les réserves à propos du style dont j’ai déjà parlé, il s’avère agréable à lire. Il apporte un éclairage intéressant sur un pan méconnu de l’histoire, sans pour autant parvenir à me captiver en profondeur.

La Louisiane de Julia Malye, aux éditions Stock (Février 2024, 560 pages)

Julia Malye est auteure française, née en 1994 qui a publié son premier roman à seize ans. En 2010, "La fiancée de Tocqueville" était récompensé par le Prix des Lycéens du Salon du Livre du Touquet. Ce récit historique a été suivi par deux autres romans, "Thémoé" nominé pour le Prix du Jury du même salon, et "Les fantômes de Christopher D." En 2015, elle était lauréate du Prix de la Nouvelle de La Sorbonne Nouvelle Paris 3.

Diplômée de Sciences Po Paris et de la Sorbonne en sciences sociales et lettres modernes, elle a commencé à écrire de la fiction en anglais lorsqu'elle s'est installée aux Etats-Unis, sur la côte ouest, pour étudier la création littéraire. Elle a reçu son diplôme de master en fiction (Master of Fine Arts, Creative Writing) à l'Université d'État de l'Oregon en 2017, où elle a étudié et enseigné l’écriture pendant deux ans.

Depuis son retour en France, Julia Malye enseigne l’écriture de fiction, en anglais, aux étudiants de licence et de master de Sciences Po Paris. Elle est par ailleurs traductrice pour la société d’édition Les Belles Lettres.

Son quatrième roman, "La Louisiane", écrit parallèlement en français et en anglais, est en cours de traduction dans plus de vingt pays et sera adapté en série.

mercredi 13 mars 2024

La Trilogie de Corfou

 

La famille Durrell, qui vient par ailleurs de rentrer d’Inde, décide de fuir la grisaille britannique pour aller s’installer à Corfou. Nous sommes en 1935 ; Gerald a 10 ans, et il est le cadet d’une famille fantasque composée de l’ainé, Lawrence, dit Larry, qui n’est autre que le futur auteur du Quatuor d’Alexandrie, de Lesli, et Margot. La famille débarque au milieu d’une nature intacte, sur une île très peu peuplée.

Gary raconte dans ces trois volumes, réunis plus tard en un seul son enfance loufoque et totalement libre qui va sceller sa vocation de naturaliste. En effet, aidé par Théodore, érudit, poète, mentor, et à l’occasion précepteur. Avec Roger le chien, Sally l’ânesse, Gary explore l’île de fond en comble et se prend de passion pour une quantité infinie d’animaux. On y croise absolument de tout.

Il est donc question de tout cela dans ces souvenirs d’enfance, écrits sans aucune chronologie. Il faut reconnaitre à l’auteur les qualités de son écriture : soignée, élégante, souvent humoristique, parfois jubilatoire. Et pourtant, contrairement à une majorité de lecteurs, je me suis souvent ennuyée au cours de ma lecture. Les chapitres, relatant chaque fois une nouvelle expérience animalière de Gerald, tout en brossant méticuleusement le portrait de sa famille, m’ont souvent semblé assez indigeste tant ils sont détaillés.

Je ne regrette pas la lecture de cette trilogie, présente depuis longtemps dans ma bibliothèque, mais j’étais assez pressée d’en voir le bout afin de passer à autre chose !

La trilogie de Corfou de Gerald Durell, traduit de l’anglais par Cécile Arnaud et Léo Lack aux éditions de la Table Ronde (1030 pages  pour l’ensemble des 3 volumes publiés en 2014  ;Mai 2023,880 pages pour l’intégrale)

 Gerald Durrell (1925-1995) est né en Inde. Frère cadet du romancier Lawrence Durrell, il a consacré sa vie à la défense des espèces animales en voie de disparition. La création du zoo de Jersey et du Durrell Wildlife Conservation Trust, ses livres truculents et ses séries d’émissions télévisées l’ont rendu mondialement célèbre. Le récit de son enfance en trois volumes, La Trilogie de Corfou, a paru aux éditions de la Table Ronde en 2014 et a été adaptée en série télévisée diffusée en France en 2017 sous le titre La Folle Aventure des Durrell.